Le chemin vers la catastrophe et ses conséquences : Le Rwanda 1990–1994 selon les perspectives rwandaise et africaine
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I. Prémisses historiques et structurelles du conflit (1990–1993)
A. La racialisation coloniale et la division interne (préhistoire rwandaise)
Les causes du génocide au Rwanda sont inextricablement liées à l’époque coloniale et dépassent de loin les affrontements politiques du début des années 1990. Alors que les Hutu (environ 85 % de la population) et les Tutsi (environ 14 %) parlaient la même langue et partageaient des traditions similaires, les colonisateurs belges ont créé une division profonde et irréversible entre ces groupes. Les Belges ont favorisé la minorité tutsi en lui accordant des avantages systémiques au détriment de la majorité hutu. Afin de consolider et d’institutionnaliser cette distinction, chaque Rwandais fut contraint de posséder une carte d’identité mentionnant explicitement son appartenance ethnique.
L’ancrage de cette discrimination dans la société fut renforcé par des méthodes pseudo-scientifiques comme la phrénologie, utilisées par les colonisateurs belges pour justifier l’asservissement de la population hutu sur une base raciale. Cette définition biologique de la « race » différait fondamentalement des distinctions sociales précédentes et visait à légitimer administrativement la suprématie des Tutsi. Ce racisme imposé de l’extérieur et institutionnalisé au niveau de l’État a eu des conséquences de grande portée: à terme, tant les Hutu que les Tutsi ont intégré ce discours racialiste, qui a alimenté l’escalade du conflit avant comme après l’indépendance en 1962.
Les tensions éclatèrent lors de la révolution hutu de 1959. Soutenue par les Belges, cette révolution entraîna l’expulsion de jusqu’à 300 000 Tutsi. Après l’indépendance en 1962, le pays fut dirigé par des partis issus de la majorité hutu. Les Tutsi restés au Rwanda furent toujours exposés à la discrimination et à la violence, ce qui poussa des milliers d’entre eux à se réfugier dans les pays voisins, notamment au Burundi. Jusqu’au milieu des années 1960, on estime que la moitié de la population tutsi vivait hors du Rwanda. Les élites politiques hutu, surtout les plus extrémistes, rendaient les Tutsi responsables de l’aggravation des difficultés économiques, sociales et politiques du pays.
B. Le début de la guerre civile et l’escalade intérieure (1990)
Le passage du conflit latent à la guerre civile ouverte eut lieu le 2 octobre 1990, lorsque le Front patriotique rwandais (FPR), un groupe rebelle tutsi principalement composé de réfugiés vivant en Ouganda, lança une attaque sur le Rwanda depuis le nord. Cette invasion fournit aux extrémistes hutu, notamment dans le cercle du président Juvénal Habyarimana, le prétexte idéal pour mobiliser la population.
L’invasion provoqua d’abord une grande peur chez la population civile. Les Tutsi craignaient une répétition des massacres de représailles des années 1960. Beaucoup de Hutu redoutaient, eux, des massacres de masse perpétrés par le FPR, à l’instar de ceux subis par les Hutu du Burundi en 1972, 1988 et 1991. Au lieu de rassurer la population ou de clarifier la réelle situation militaire – le FPR était bien inférieur en nombre à l’armée rwandaise, soutenue de plus par des troupes françaises –, Habyarimana et ses conseillers exagérèrent délibérément la menace pour renforcer le soutien au régime.
Les extrémistes hutu accusèrent alors collectivement tous les Tutsi du pays d’aider les rebelles. De plus, des responsables hutu extrémistes commencèrent secrètement à dresser des listes de futurs assassinats de responsables tutsi et hutu modérés, à armer et former des milices de jeunes, responsables des premiers massacres de moindre envergure.
II. La perspective rwandaise I : La radicalisation de l’idéologie Hutu Power
A. La doctrine de la suprématie ethnique (Hutu Power)
L’idéologie à la base du génocide est la doctrine « Hutu Power » ou « suprématie hutu ». Cette doctrine prône la supériorité ethnique des Hutu et revendique le droit de dominer – jusqu’à tuer – les minorités tutsi et twa. Elle fut propagée par des partis et mouvements extrémistes comme l’Akazu, la Coalition pour la Défense de la République (CDR) avec sa milice Impuzamugambi, et le parti au pouvoir MRND avec sa milice Interahamwe. À cause de sa force destructrice, cette idéologie est souvent comparée au nazisme européen.
Les « Dix commandements des Hutu », publiés en 1990 par Hassan Ngeze, en forment le noyau dur. Ils exigeaient la suprématie hutu au Rwanda, la direction exclusive des institutions publiques par des Hutu et l’exclusion stricte des Tutsi de la vie publique. Les propagandistes diffusèrent ces messages, notamment via le journal Kangura et la station de radio RTLM. Les Tutsi y étaient diabolisés en tant qu’« étrangers » cherchant à restaurer une monarchie dominée par leur groupe. La mobilisation efficace du génocide s’est appuyée sur l’exploitation habile de la peur. Les élites extrémistes et leurs propagandistes répétaient que les Hutu étaient gravement menacés et avaient le droit – voire le devoir – de se défendre contre les prétendus pouvoirs et ruses militaires tutsi. Ce discours convainquit une grande partie de la population qu’il s’agissait d’une guerre défensive contre un ennemi existentiel. L’organisation du massacre passa par l’appareil d’État rwandais : administration, armée et partis politiques furent mobilisés pour donner et exécuter des ordres de chasse, de viol et de meurtre. Cela montre que le génocide était un projet d’État centralisé, construit sur une peur généralisée savamment entretenue.
B. Le processus de paix d’Arusha et sa destruction (1992–1993)
L’escalade de la violence eut lieu en parallèle d’un processus de paix négocié sous médiation africaine. Entre août 1992 et août 1993, plusieurs protocoles furent signés à Arusha, en Tanzanie. L’accord de paix d’Arusha fut paraphé le 4 août 1993 entre le gouvernement de la République du Rwanda et le FPR, en présence de médiateurs africains et internationaux, parmi lesquels le Président de la Tanzanie et le secrétaire général de l’Organisation de l’unité africaine (OUA).
L’accord prévoyait le partage du pouvoir, l’intégration des forces armées et le retour des réfugiés rwandais. Bien que l’accord ait proposé une solution politique à la guerre civile, il a radicalisé les forces extrémistes hutu. Une large partie du parti au pouvoir MRND et l’ensemble de la CDR le rejetèrent violemment. Ce rejet par les élites radicales, décidées à ne pas partager le pouvoir, fit échouer tragiquement le processus de paix : il se solda par le génocide.
III. La perspective africaine : Une médiation continentale et des dynamiques régionales
A. Leadership africain à Arusha
Les négociations de paix d’Arusha représentent une tentative importante de résolution du conflit par des Africains eux-mêmes. Les discussions se sont tenues sous l’égide de Son Excellence Ali Hassan Mwinyi, Président de la République Unie de Tanzanie, en tant que facilitateur. Salim Ahmed Salim, secrétaire général de l’OUA, fut également un signataire poids lourd de l’accord. Cela souligne la responsabilité des institutions et dirigeant·e·s africain·e·s dans la gestion du conflit rwandais.
En revanche, l’échec d’Arusha mit en évidence les limites de la diplomatie intra-africaine au début des années 1990. Malgré les ressources diplomatiques mobilisées par la Tanzanie et l’OUA, ils ne purent contenir la radicalisation croissante des extrémistes hutu, ni leur opposition ouverte à la paix sur le plan militaire et politique. La solution africaine existait sur le plan diplomatique, mais elle manquait de mécanismes pour garantir la mise en œuvre et la répression des forces génocidaires.
B. Chronologie du génocide et mouvements régionaux de fuite (avril–juillet 1994)
Le génocide débuta le 7 avril 1994, immédiatement après l’assassinat du président Habyarimana, qui en fut le déclencheur. En quelques semaines, les Hutu radicaux, notamment via les milices Interahamwe et Impuzamugambi, assassinèrent plus de 800 000 personnes ; les victimes étaient majoritairement tutsi, mais aussi des Hutu modérés et membres de l’opposition.
Les tueries furent extrêmement brutales et organisées. La minorité twa participa elle aussi à certains actes de violence, soulignant la complexité du processus génocidaire. Malgré quelques actes héroïques de résistance – comme à Bisesero, dont le mémorial expose neuf lances symbolisant la lutte – les victimes furent généralement débordées. Quelques cas d’altruisme : des officiers tentant d’aider les personnes menacées à fuir ont pris de grands risques personnels.
Le génocide provoqua des déplacements massifs : outre les morts, plus de 2,5 millions de personnes déplacées internes furent recensées.
Un récapitulatif des événements clés avant le génocide met en évidence la manière dont des forces extrémistes sabotèrent le processus de paix :
Tableau 1 : Chronologie de l’escalade et du sabotage (1990–1994)
| Date | Événement | Importance (perspective rwandaise) |
| 2 octobre 1990 | Invasion du FPR (début de la guerre civile) | Prétexte pour diaboliser les Tutsi comme « ennemis » et mobiliser la peur de masse |
| 1990 | Publication des « Dix commandements des Hutu » | Référence idéologique majeure pour Hutu Power et l’exigence de ségrégation |
| 4 août 1993 | Signature de l’accord de paix d’Arusha | Refus d’une partie du MRND/CDR, consolidant la résistance intérieure contre la paix |
| 7 avril 1994 | Assassinat du Président Habyarimana | Déclenchement du génocide organisé |
IV. La crise africaine après le génocide : Zaïre/RDC et la perpétuation du conflit
A. La prise du pouvoir militaire par le FPR
Le génocide fut finalement arrêté par l’offensive militaire du Front patriotique rwandais (FPR), qui conquit le pays et établit ensuite le nouveau gouvernement, dominant la vie politique rwandaise depuis lors. Bien que le FPR soit célébré comme libérateur du régime génocidaire, des rapports évoquent également des crimes commis par ses membres. Alors que la mémoire actuelle se concentre principalement sur le « génocide contre les Tutsi », les crimes commis par le FPR restent largement un tabou public rwandais.
B. Les répercussions régionales des déplacements de population (Zaïre/RDC et Tanzanie)
La fin du génocide à l’intérieur du pays n’a pas réglé la crise, qui s’est propagée à l’ensemble de la région. Des centaines de milliers de civils et des milliers de génocidaires se sont réfugiés dans les pays voisins, surtout au Zaïre (aujourd’hui RDC) et en Tanzanie.
Le Zaïre devint rapidement une base arrière pour les anciens dirigeants et leurs milices, qui purent se réorganiser dans les camps de réfugiés sous le regard de la communauté internationale.
La question de l’aide humanitaire internationale, après 1994, est un point particulièrement critique. Le Rwanda était déjà l'un des pays d’Afrique les mieux dotés en aide au développement ; après le génocide, l’aide humanitaire, concentrée dans les pays voisins, servait indirectement à financer la guerre. Communauté internationale, ONU, agences donatrices occidentales et ONG ont alimenté les camps de réfugiés, dont les génocidaires profitèrent délibérément pour se restructurer et acheter des armes. Après l’incapacité du monde à empêcher le génocide, ce fut un nouvel échec : l’aide humanitaire contribua involontairement à la persistance de la menace militaire contre le nouvel État rwandais, déstabilisant la région des Grands Lacs et déclenchant les guerres du Congo.
V. Après le génocide : Approches africaines et rwandaises pour la justice et la réconciliation
A. Le défi de l’effondrement du système judiciaire
Après la prise de pouvoir du FPR, le système judiciaire rwandais était en ruine : seulement 20 des 785 juges avaient survécu au génocide. Les tribunaux nationaux avancèrent lentement dans les poursuites contre les auteurs : plus de 100 000 personnes en attente de procès, des prisons surpeuplées, des conditions déplorables. On estimait qu’il aurait fallu 100 à 200 ans pour juger tous les dossiers.
À l’échelle internationale, le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) fit œuvre pionnière, condamnant des organisateurs de haut rang, dont l’ancien Premier ministre Jean Kambanda, et reconnaissant pour la première fois l’idéologie du génocide devant la justice. Notamment, le TPIR établit que le viol pouvait constituer un acte de génocide, s’il visait à humilier et à détruire physiquement et psychologiquement la communauté tutsi. Le TPIR contribua significativement à l’application du droit humanitaire international en Afrique et empêcha la réorganisation régionale des extrémistes hutu.
B. Les tribunaux Gacaca : une réponse rwandaise aux crimes de masse
Face à l’ampleur de la demande de justice, le gouvernement rwandais opta pour l’adaptation des tribunaux traditionnels Gacaca, originellement utilisés avant la colonisation pour régler les conflits de village. Adoptés en 1999 puis déployés progressivement à partir de 2001 pour juger les crimes de génocide non traités par le TPIR, les juridictions populaires Gacaca rompent profondément avec la conception occidentale de la justice.
Les juges, élus par la population, avaient pour seule exigence l’intégrité personnelle. L’objectif prioritaire de ces procès était la restauration de la paix communautaire : sanctions allant du travail d’intérêt général à de longues peines de prison, souvent avec une dimension de réintégration ou de réconciliation. Ce système était perçu comme une rationalisation judicieuse de la justice dans un contexte de crime de masse. En privilégiant la proximité et la participation populaire, la recherche de vérité et de responsabilité a été accélérée.
C. Bilan critique et accusation de justice des vainqueurs (critique interne rwandaise)
Malgré ses succès pragmatiques dans la gestion des dossiers de masse, le bilan des tribunaux Gacaca est ambivalent. Human Rights Watch a souligné leur contribution à la justice, mais évoqué aussi un héritage controversé.
Une critique majeure, surtout du point de vue de l’ancienne majorité hutu, est l’accusation de justice des vainqueurs. Bien que Gacaca, dans sa période de compétence (1.10.1990–31.12.1994), ait pu théoriquement poursuivre les crimes du FPR, ces actes n’ont pratiquement pas été jugés. Selon un rapport de l’ONU de 2010, des accusations de génocide par le FPR subsistent. La criminalisation et la censure de toute poursuite des crimes du FPR ont conduit à une perception de partialité du système judiciaire auprès d’une large partie de la population.
Le gouvernement rwandais du FPR poursuit toutefois une politique stricte d’« unité nationale et de réconciliation ». Du point de vue de l’État, l’exclusion partielle de certains crimes de la justice était peut-être incontournable pour garantir la stabilité après le génocide. Mais la stabilité politique a été obtenue au détriment d’une justice impartiale et universelle, compliquant la réconciliation politique et maintenant des tensions latentes.
D. La politique de mémoire nationale
Le gouvernement mène une politique mémorielle extrêmement centralisée et contrôlée, visant à dépasser l’essentialisme ethnique et à forger une nouvelle identité nationale. Le Mémorial du génocide de Kigali et d’autres sites nationaux servent à honorer la mémoire des victimes du « génocide contre les Tutsi » au Rwanda.
Les sites commémoratifs du pays, sous l’égide de la Commission nationale de lutte contre le génocide, sont des lieux de recueillement dignes. Les politiques de mémoire incluent des commémorations annuelles (Icyunamo) et des représentations visuelles du passé. Des lieux comme Bisesero, connu comme « la colline de la résistance », soulignent également le récit de la résistance tutsi, symbolisé par neuf lances, illustrant à la fois la défaite des résistants et leur bravoure. Cette mise en scène de la mémoire publique vise à soigner et unir une société déchirée par une violence justifiée par des différences ethniques.
VI. Synthèse critique des réactions internationales (perspective de contraste)
A. L’échec des Nations Unies
La communauté internationale, surtout les Nations Unies, est largement considérée comme ayant failli lors du génocide. Les rapports Carlsson (1999) et Masire (2000) ont documenté cet échec dans le détail.
La mission MINUAR (Mission d’assistance des Nations Unies pour le Rwanda), en place depuis 1993 pour surveiller l’accord de paix d’Arusha, souffrait de graves lacunes logistiques et matérielles, dues tant au Département des opérations de maintien de la paix de l’ONU qu’aux pays contributeurs.
Mais c’est l’hésitation politique des États membres qui fut décisive : l’Assemblée générale de l’ONU a reconnu a posteriori que les États avaient cherché à éviter la responsabilité qu’impliquait la reconnaissance formelle du « génocide ». Répugnant à qualifier la situation selon le terme adéquat, ils ont empêché toute action internationale et permis au monde d’ignorer la réalité.
B. Analyse rwandaise de la réaction occidentale
Le regard rwandais sur la réponse internationale est marqué par la défiance et un profond sentiment de trahison, tout particulièrement envers la France et la Belgique, qui entretenaient des liens privilégiés avec le régime hutu.
En 2008, le gouvernement rwandais publia un rapport accusant la France de complicité directe dans le génocide. Le texte vise en particulier l’intervention militaire « Opération Turquoise », à la fin des massacres, et accuse l’armée française de collaboration ouverte avec les milices tueuses et de nombreux crimes. La France a rejeté ces accusations comme « inacceptables » et « insupportables » et s’est référée à ses propres enquêtes parlementaires, qui l’avaient exonérée dès 1998 de toute responsabilité.
Ces controverses récurrentes sur une complicité occidentale et l’attentisme documenté pendant le génocide ont durablement miné la confiance dans les récits occidentaux et l’architecture sécuritaire globale. Le gouvernement rwandais dirigé par le FPR en a tiré la conviction qu’il incombait d’abord aux Africain·e·s de résoudre leurs conflits.
À l’inverse de l’inaction générale, le gouvernement allemand fut le premier à collaborer avec le FPR après le génocide et en est devenu, depuis 1994, l’un des principaux bailleurs de fonds. Cependant, cette aide substantielle à un gouvernement autoritaire reste controversée.
Conclusion
La période 1990–1994 au Rwanda représente l’apogée d’une crise identitaire construite par la politique coloniale et exacerbée par la propagande postcoloniale. Le génocide, vu du Rwanda, fut un projet étatique planifié fondé sur l’idéologie de la suprématie ethnique (« Hutu Power »), qui, avec la rhétorique de l’autodéfense, parvint à mobiliser largement. L’assassinat du président Habyarimana servit, après la destruction du processus d’Arusha par l’opposition interne, de catalyseur attendu pour le déclenchement du génocide.
La perspective africaine met en relief les effets régionaux du conflit et les limites des processus de résolution continentaux, tels que ceux menés à Arusha. La crise n’a pas pris fin en 1994 ; elle a été exportée vers les pays voisins, particulièrement le Zaïre, par la fuite des génocidaires. Le maintien sans critique de l’aide humanitaire internationale dans ces camps a malheureusement facilité la reconstitution des forces génocidaires, alimentant l’instabilité régionale.
La justice post-génocidaire rwandaise reste un témoignage de la résilience du Rwanda et d’un pragmatisme face à la criminalité de masse, illustrée principalement par les juridictions Gacaca, qui ont permis une réponse rapide et décentralisée, en faveur de la réconciliation. Cependant, son efficacité fut limitée par une application sélective de la justice, notamment l’impunité pour les crimes du FPR, générant un sentiment de justice des vainqueurs qui nuit à la réconciliation politique. La critique internationale, surtout envers la France, a renforcé la conviction rwandaise que seuls les États africains peuvent garantir leur propre stabilité et sécurité.